Si si je vous assure, les chiens parlent! Ils parlent entre eux et bien souvent, ils communiquent et se répondent… Mais ils tentent aussi de parler avec nous. Non, non, ils ne parlent pas avec des mots mais avec des signaux, des comportements, des odeurs, des postures… Certains appellent cela “signaux d’apaisement” et d’autres encore “signaux de communication”. Le plus important ce n’est pas la façon d’appeler ce langage non verbal mais bien d’apprendre à le voir, de le comprendre et parfois de pouvoir y répondre.
Tout cela vous intéresse? Alors c’est parti, avec Juliette et Laure, nous avons partagé la plume pour vous expliquer la communication chez les chiens.
Laure est coach canin et comportementaliste chez Chien’Bioz
Signaux d’apaisement ou de communication?
Comme son nom l’indique, le signal d’apaisement est un signal donné par un chien pour stopper un comportement “d’agression” venant de l’extérieur (chien, animal, humain, situation stressante, etc). Les chiens l’utilisent le plus souvent en prévention.
Selon la littérature, les chiens sont pacifiques dans l’âme, et auraient plutôt tendance à fuir les conflits. Ils utiliseraient donc ces signaux pour signifier leur stress, s’apaiser lorsqu’ils se sentent inquiets, mais aussi pour communiquer aux autres chiens qu’ils peuvent se sentir en sécurité, et pourquoi pas se lier d’amitié. Dans ces circonstances, il s’agit vraiment de signaux d’apaisement.
Voici quelques signaux que les chiens peuvent émettre :
Se lécher les babines ou la truffe
Se détourner
Se figer – mettre la queue entre les jambes
Flairer au sol
Se mettre en position d’appel au jeu
Contourner
Plisser les yeux
Mais les chiens peuvent aussi bailler, se coucher, s’asseoir, lever une patte, etc. Les signaux sont très nombreux…
Parmi les signaux d’apaisement chez le chien très stressé, en plus de se figer, on peut voir le blanc de l’œil quand il observe la source de sa peur ou lorsqu’il détourne le regard en restant immobile sans détourner la tête. Lorsqu’il souhaite fuir une chose qui lui fait vraiment peur, il se rapproche du sol pour paraître moins menaçant et peut selon le cas avancer très très lentement ou au contraire fuir à toutes pattes.
Avant que le chien ne prenne la fuite, il est possible d’observer un transfert de poids pour s’écarter au mieux de ce qui lui fait peur. Parfois juste pour prendre de la distance ou parfois pour s’appuyer sur quelqu’un de confiance ou quelque chose dans l’optique de se rassurer.
Exemple :
Durant une balade, lorsque deux chiens en liberté sont amenés à se croiser, ils doivent dans le meilleur des cas venir l’un vers l’autre en douceur. Cependant, si l’un des deux arrive de manière vive vers l’autre, alors ce dernier adoptera plusieurs postures possibles lui signifiant son malaise.
Peut être qu’il :
- se couchera
- détournera la tête en se léchant le museau
- viendra en arc de cercle
- etc
Cela signifiera à celui qui sera trop entreprenant : “Attention ! tu arrives trop vite, cela me stress, je ne te veux pas de mal !”
Gipsy arrive trop franchement et Chelsea adopte le stratégie de contournement
Normalement, devant de tels signaux, l’autre chien devra ralentir, et éventuellement lui répondre aussi en se léchant le museau et en détournant le regard. Cela signifiera : “Pas de soucis ! Je viens en ami faire ta connaissance !”.
Après cette communication entre les 2 chiens, s’ils sont bien codés et se comprennent, les chiens repartiront chacun de leur côté ou feront une approche en douceur et peut-être même une belle partie de jeu !
Mais au-delà de cette envie d’apaiser les conflits, les chiens émettent beaucoup de signaux que ce soit aux autres animaux ou aux humains. On peut partir du principe que ce sont alors des signaux de communication dont la majorité ont des objectifs pacifiques. Les chiens utilisent d’ailleurs plusieurs sens dans leur communication :
- Le canal visuel (prise de contact visuel, signaux d’apaisement, etc)
- Le canal olfactif (odeurs, phéromones, etc.)
- Le canal auditif (gémissements, couinements, aboiements, grognements etc.)
Tous ces sens peuvent être utilisés lors des échanges entre les chiens, ou même dans les échanges avec nous les humains.
Les chiens parlent entres eux mais essayent-ils de communiquer avec nous ?
Dans le mode de communication des humains, il existe 3 langages :
- verbal : tout ce qui définit nos phrases,
- gestuel : attitude, positions, mouvements, etc.
- para-verbal : intonation, hésitation dans la voix, etc.
Les chiens sont réceptifs aux langages gestuels et para-verbaux.
Autrement dit, nos chiens nous observent, nous scrutent, nous analysent. Toutes nos attitudes, ont, à leurs yeux, une signification.
Suivant les circonstances, le chien peut être amené à nous envoyer des signaux, afin de signifier son malaise, son stress, ou au contraire son intention de jouer et sa joie.
Il est IMPORTANT de pouvoir les identifier et d’adapter son comportement en conséquence.
Prenez le temps d’observer votre chien et vous remarquez les nombreux signaux qu’il peut envoyer.
Crackot n’est pas à l’aise avec l’encerclage et la photo en même temps
Exemple :
Le chien peut envoyer des signaux quand :
- vous êtes stressé, en colère, ou de mauvaise humeur,
- quelqu’un se penche sur lui, avance sa main trop rapidement, lui caresse le dessus de la tête,
- il est dans une situation stressante comme chez le vétérinaire,
- vous vous séchez les cheveux ou allumez l’aspirateur,
- quelqu’un ou un chien se dirigent vers lui directement,
- dans son entourage il y a des disputes, de l’agitation,
- un enfant court vers lui, crie, veut le caresser très brusquement ou l’encercler avec ses bras
Dès lors que vous arrivez à identifier ces signaux de communication de la part de votre chien, essayez de comprendre ce qui en est à l’origine. Vous pouvez ensuite essayer de modifier votre comportement ou vos actes en conséquence. Enfin, il vous reste à observer si votre chien émet toujours ces signaux. Ça vous dit d’essayer ?
Pouvons-nous utiliser ces signaux pour leur faire part de nos intentions pacifiques et tenter de les apaiser ?
Mais OUIIIIII !
Il est tout à fait possible d’utiliser ces mêmes signaux. Alors certes on peut paraitre un peu original mais cela fonctionne!
Par exemple, si vous souhaitez aborder un chien que vous ne connaissez pas, vous pouvez utiliser quelques uns de ces signaux pour l’apaiser et lui faire part de vos intentions pacifiques.
Il est bien évident qu’avant tout contact, il faudra s’assurer auprès de son humain qu’il est apte à recevoir ce contact et que l’humain est en accord avec cela.
Si vous voyez le chien hésitant à venir au contact, surtout ne forcer pas en tentant de « rentrer dans sa bulle ». Adoptez plutôt un déplacement en contournement et en évitant de fixer le chien. Ne le prenez pas de haut. Pour entrer en contact avec lui, mettez vous accroupi et plutôt de profil avec la main dirigée vers lui, bras non tendu. Si le chien se met à bailler, détourne la tête, recule ou même se lèche les babines, c’est qu’il n’est pas complètement à l’aise. N’hésitez pas à bailler en retour pour lui faire part de votre intention pacifique et laissez le venir à vous. Évitez de le regarder, laissez le vous renifler. Essayez de le caresser du dos de la main sur le poitrail ou les flancs seulement quand il vient à votre contact et n’insistez pas s’il esquive vos caresses.
Si le chien, ne souhaite pas d’interaction, ne le forcez en aucun cas et respectez son souhait de vous communiquer son mal-être face à cette situation. Il est important de comprendre qu’un chien a le droit de ne pas vouloir de contact avec vous et de le respecter s’il vous l’exprime!
Est-ce que tous les chiens utilisent ces signaux ?
Pas forcément… En général oui, mais il arrive que des chiens soient ce que l’on appelle “mal codés”.
Si des jeunes chiens et des chiots sont entourés et éduqués par des chiens adultes bien codés, alors ils seront aptes à comprendre ces signaux et pourront en émettre à leur tour. Une chienne qui saura bien communiquer, apprendra à bien communiquer à ses chiots. C’est vraiment une question d’apprentissage.
D’après des observations récentes, le 1er signal d’apaisement que peut faire un chiot est le bâillement. C’est le seul qu’il est apte à faire, tant qu’il ne maîtrise pas son corps. En grandissant cela évolue et le nombre de signaux augmente.
Il ne faut pas négliger le fait que pour bien communiquer les chiots doivent avoir les meilleures opportunités de se confronter à des congénères. Ils doivent en voir de toutes les tailles, toutes races, couleurs, apparences, et bien entendu sachant communiquer.
L’éducation sociale et environnementale sont les choses les plus importantes pour l’éducation d’un chiot.
Un chiot retiré trop tôt à sa mère aura certainement des lacunes. Il est donc également important de laisser les chiots au minimum jusqu’à leurs 8 semaines avec leur mère et leur fratrie.
Ensuite, c’est à la nouvelle famille d’adoption de continuer le travail en favorisant les rencontres avec des congénères équilibrés et de gabarit équivalent.
Il arrive parfois que malgré ce travail fait, si les rencontres ne sont pas assez fréquentes, le chien se désocialise et perd ses moyens de communiquer.
Et là, bien entendu cela deviendra source de problème, et pourra se traduire sous forme de réactivité envers les aux autres chiens, entrainant potentiellement des conflits.
Peut-on apprendre à un chien qui a manqué de sociabilisation à utiliser ces signaux ?
C’est possible !
Il faut bien entendu tenir compte de l’âge du chien. En effet, plus il sera âgé, plus le travail sera long et compliqué.
Le fait est qu’il faut vraiment favoriser les bonnes rencontres, avec des chiens bien « codés » et tolérants. Ils lui apprendront calmement les codes et les limites sans trop lui «rentrer » dedans.
Il est important de savoir que lorsque le stress arrive, le cerveau ne fonctionne plus normalement… Pour aider le chien à surmonter ce stress, il faut d’abord laisser au chien le temps d’observer de loin la source de son stress et renforcer positivement tout état calme. Il faut toujours aborder les situations avec le plus de sécurité possible, de calme et de chance de réussite. Et bien sûr, il est important de surtout bien récompenser les instants où il réagit de manière positive. Si jamais, la réactivité s’enclenche, c’est que c’est allé trop vite et trop fort d’un coup. Il faut retravailler en conditions moins stressantes pour le chien et toujours de manière positive. Il est extrêmement important de ne pas réprimémander un chien réactif au risque d’augmenter son stress et donc sa réactivité. Votre objectif est de mettre votre chien dans la réussite en lui proposant des situations qu’il peut gérer émotionnellement et augmenter la difficulté très progressivement lorsqu’il est en mesure d’y faire face. C’est dans l’approche des nouvelles situations qu’il faudra observer les signaux (évoqués dans cet article) que le chien émettra avant de rentrer dans la phase critique de réactivité forte.
Il ne faut surtout pas se décourager, savoir se remettre en question et observer votre chien qui communique avec vous et son environnement.
Et vous alors, diriez vous que votre chien est bien codé? laissez nous un petit commentaire en dessous de cet article et n’hésitez pas à nous poser vos questions 😉